Edvard Munch (1863-1944)



Dans cette partie, un grand homme d'influence artistique vous sera présenté; cet homme est Edvard Munch. Le peintre dessinateur et graveur norvégien est né à Loïten en 1863. Il fut, dans sa jeunesse, marqué par plusieurs deuils et ne cessa d'exprimer dans sa peinture, l'obsession de la mort. En 1885, il fit un premier voyage à Paris et s'intéressa aux recherches impressionnistes. Il retourne en France en 1889, fréquenta l'atelier de Bonnat, subit les influences des théories néo-impressionnistes et admira l'art de Gaugin et de Van Gogh. Abandonnant la description des faits, il chercha à communiquer son sentiment tragique de la vie et à partir de 1889, voulut grouper ses oeuvres dans un ensemble qui formait "La Frise de la vie". Ses intentions et les moyens plastiques utilisés le rapprochent du symbolisme et des nabis avec lesquels il entra d'ailleurs en contact à Paris, en 1896.

Créant des compositions synthétiques où les plans et les contours sont cernés de lignes sinueuses, il étala les couleurs par aplats dans les tonalités sourdes et intenses, selon les qualités expressives et leur fonction symbolique. (Le Cri en 1893 et La Jalousie 1893). A partir de 1894, il réalisa une série de lithographies, puis de xylographies (1910) et d'eaux-fortes au graphisme souple et appuyé dont la tension expressive relève une sensibilité angoissée. A partir de 1900, sa palette devient plus légère, ses couleurs plus éclatantes, sa facture prit un audacieux aspect d'ébauche et les intentions symboliques devinrent moins apparentes. Il exerça une grande influence sur les artistes expressionnistes du groupe Die Brücke, sur Kokoschka et Egon Schiele. Edvard Munch meurt en 1944 à Ékely, près d'Oslo à l'âge de 81 ans.

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"En vérité, mon art est une confession que je fais de mon plein gré, une tentative de tirer au clair,
pour moi-même, mon rapport à la vie...C'est au fond une sorte d'égoïsme, mais je ne renonce pas
à espérer qu'avec son aide, je parviendrai à aider d'autres gens à se comprendre."

Edvard Munch
 

"Il peint, ou plus exactement il observe les objets d'une façon différente de celle des autres
artistes. Il ne voit que l'essentiel, et naturellement, il ne peint que cela. C'est pourquoi les tableaux
de Munch ne sont en général, pas "achevés", comme le font si volontiers remarquer les gens. Que
si ! Ils sont bel et bien achevés : son oeuvre dans tout son achèvement. L'art est achevé quand
l'artiste a vraiment dit tout ce qu'il avait sur le coeur..."

Christian Krogh
 
 

Ce qui corrompt l'art moderne, ce sont les affaires, le désir que les tableaux fassent bien sur le
mur... Ils ne sont pas peints en fonction d'eux-mêmes...[ils ne sont pas peints] pour raconter une
histoire. Moi, qui il y a 7 ans, me suis rendu à Paris brûlant du désir de voir le Salon, je pensais
être enthousiasmé, mais je n'ai ressenti que du dégoût..."

Edvard Munch
 

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L'expressionisme

L'expressionisme est une des tendances majeures de l'art dans le premier quart du XXesiècle, qui toucha essentiellement les pays d'Europe du Nord, et autant les arts plastiques que la musique, la littérature, le cinéma et le théâtre. Esthétique du paroxysme, l'expressionnisme se manifeste par le besoin d'épanchement d'une subjectivité marquée par le sentiment de la souffrance et du tragique. Ses moyens plastiques sont basés sur des déformations et des stylisations qui recherchent un maximum d'intensité expressive.

À la fin du XIXe siècle, l'expressionnisme est annoncé par l'art de Vincent Van Gogh, de James Ensor et d'Edvard Munch. Mais c'est en Allemagne, où existe déjà une durable tradition romantique et symboliste, qu'il trouve son milieu d'expansion le plus favorable. En 1905, les peintres Ernst Ludwig Kirchner, Erich Heckel et Karl Schmidt-Rottluff créent à Dresde le groupe Die Brücke (Le Pont), auquel s'adjoignent Cuno Amiet, Max
Pechstein, Otto Mueller et, temporairement, Emil Nolde. Une très grande intensité créative marque leurs toiles, souvent frustes, leurs sculptures, où se décèlent sans mal des références primitivistes, et leurs dessins et xylographies, où ils reviennent à des sources populaires et naïves. En 1911, ils se transportent à Berlin, où travaillait déjà Ludwig Meidner, auteur d'apocalyptiques visions de guerre et de destructions, et où Herwarth Walden crée la galerie et la revue Der Sturm, efficaces instruments de propagation des idées et de l'esthétique expressionnistes. L'expressionnisme se développe aussi à Murnau, près de Munich, autour d'une colonie d'artistes allemands et russes, comme Wassilli Kandinsky, Franz Marc, August Macke, Alexeï Jawlensky,
Gabriele Münter, Marianne von Werefkin, etc. qui créent en 1911 le groupe Der Blaue Reiter (Le Cavalier bleu). Leur expressionnisme se réfère aux mêmes sources anti-académiques que celui de Die Brücke, mais se singularise par son net penchant au lyrisme, ainsi que par l'évolution de certains de ses membres vers l'art abstrait. Des artistes travaillant plus isolément, comme les sculpteurs Wilhelm Lehmbruck et Ernst Barlach, qui opèrent un retour très original aux sources gothiques de l'art allemand, peuvent se relier à l'esthétique expressionniste.

Pendant et après la guerre, l'Allemagne a connu une deuxième vague expressionniste, portée par l'œuvre des peintres Conrad Felixmüller, Max Beckmann, du sculpteur Rudolf Belling et par la critique violemment acerbe d'artistes proches du mouvement dada, comme Otto Dix et George Grosz. Enfin, l'Allemagne a également vu naître une architecture expressionniste, d'abord limitée aux projets utopiques des membres de la «!Chaîne de verre!», puis incarnée dans certains des bâtiments de Bruno Taut, Hans Poelzig, Fritz Höger et surtout Erich Mendelsohn.

À côté de l'Autriche, où les peintres Egon Schiele et Oskar Kokoschka font figure de géniaux isolés, c'est surtout aux Pays-Bas, autour de Jan Sluyters et de Leo Gestel, et en Belgique que se développent d'autres courants expressionnistes. La petite ville flamande de Laethem-Saint-Martin a ainsi abrité deux générations successives d'artistes expressionnistes!; la première, centrée autour du peintre Gustave VandeWoestyne, était stylistiquement marquée par le symbolisme et par l'exemple des primitifs flamands!; la seconde, apparue juste après la guerre, se caractérise par plus de variété et d'invention. Constant Permeke et Fritz VandenBerghe développent un style luministe qui accuse les formes, aux contours nettement dessinés!; Gustave de Smet met en œuvre un dessin plus chaotique et Edgar Tytgat est l'auteur de saynètes quotidiennes, faussement naïves et candides. Travaillant à l'écart, Franz Masereel donne de grands cycles de bois gravés qui comptent parmi les plus grandes œuvres jamais créées dans cette technique qu'ont tellement favorisée les expressionnistes.

Bien que Paul Gauguin, en peinture, et Auguste Rodin, en sculpture, soient souvent mentionnés comme précurseurs de l'expressionnisme, cette tendance ne fait qu'effleurer le milieu français. Georges Rouault l'incarne seul avant la guerre, mais pour les années 1920 on pourrait y inclure Marcel Gromaire, Georg et Amédée de la Patellière, qui ne sont pas sans présenter des affinités avec les expressionnistes flamands, ainsi que le premier Fautrier, Jules Pascin et surtout Chaïm Soutine. Par certains aspects, la sculpture d'Ossip Zadkine, de Jacques Lipchitz et même de Bourdelle n'est pas non plus toujours éloignée de la sensibilité expressionniste.

L'expressionnisme n'en reste pas moins un phénomène plus spécifiquement nordique, qui s'est développé partout où existait déjà, parfois depuis la fin du Moyen Âge et surtout depuis le romantisme et le symbolisme, une tradition de recherche de l'intensité dans la représentation du monde réel comme reflet du monde des sentiments et des passions.