Der Blutharsch
 
 
 

The Moon Lay Hidden Beneath A Cloud a été un des projets les plus innovateurs et excitants de cette dernière décennie. Ce groupe a malheureusement cessé toute activité il y a quelques années, en nous laissant avec quelques disques marquants que nous continuons à écouter avec le même plaisir. Alors que Albin Julius vient de sortir son troisième album sous l’appellation Der Blutharsch, ainsi que deux albums pour Death In June, Simoneh, notre correspondant italien, a saisi cette opportunité pour lui poser quelques questions. Alors attachez vos ceintures, nous partons pour Vienne…
 
 Interview :  Simoneh
 

Tout d’abord, j’aimerais vous demander pourquoi The Moon Lay Hidden Beneath A Cloud s’est séparé. Etait-ce dû à des mésententes personnelles, ou as-tu juste décidé de te concentrer pleinement sur Der Blutharsch ?

Notre relation personnelle s’est terminée au bout de dix ans et ceci a automatiquement mené à la séparation du groupe. Je pense qu’il n’aurait pas été sage de continuer, puisqu’on ne peut jamais séparer la vie privée du reste.
Aujourd’hui, je pense que tôt ou tard TMLHBAC aurait fini par s’arrêter, puisque j’étais de plus en plus occupé par Der Blutharsch et que je n’aurais simplement pas eu le temps pour un second projet à "plein-temps" et que Hau Ruck s’est agrandi et nécessite beaucoup de temps aussi.

Parlons un peu de vos débuts. Quand as-tu eu l’impression que la musique serait ta voie ?

Dès le départ, quand j’ai commencé à en faire. J’ai rencontré Elisabeth à l’université il y a douze ans. Elle faisait partie d’un groupe à l’époque, et quand ils se sont séparés, nous avons commencé à faire de la musique ensemble. Quand TMLHBAC a connu plus de succès, ceci a tout simplement tourné en un travail à plein temps. A l’origine, j’étudiais la "communication" puisque je voulais faire quelque chose dans les médias.

L’Autriche n’est pas très connue pour sa scène musicale. As-tu dû faire face à des difficultés particulières en choisissant cette carrière artistique ?

Pas du tout. Je ne suis pas impliqué ou dépendant de quoi que ce soit ici en Autriche. Comme je l’ai dit, avoir la possibilité d’avoir seulement la musique comme occupation est arrivé par accident. Je n’avais jamais pensé à cette possibilité, ni même pensé qu’il était possible de vivre de la musique. A l’origine j’étudiais, et un jour il s’est avéré que la musique était mon destin. Bien sûr j’y ai consacré tous mes efforts, mais, pour être honnête, c’était assez facile. Nous sommes passés directement par World Serpent Distribution, ce qui, à l’époque, équivalait à prendre l’ascenseur directement pour le penthouse.

Que penses-tu des autres musiciens de Vienne, comme Allerseelen, Novy Svet ou Die Verbannten Kinder Evas ?

J’adore Novy Svet – il est l’un de mes meilleurs amis et j’adore sa musique, sinon il ne serait pas sur Hau Ruck. J’apprécie Allerseelen aussi et leur génie Kadmon. Quand j’ai déménagé à Vienne il y dix ans il faisait déjà ses cassettes et j’en ai trouvé une chez un disquaire et j’ai vraiment été impressionné. Je crois que c’était "Schwarzer Raab"… Le destin a voulu que nous nous rencontrions un jour et nous sommes devenus amis, nous faisons de l’escalade ensemble et essayons de nous saouler dans les "Weingarten" – avec parfois de la réussite.
En fait, nous venons juste de sortir un EP 7" ensemble, avec Allerseelen, Allgrena, Novy Svet et Der Blutharsch intitulé "Wo die wilden Kerle wohnen".

Es-tu bien connu et apprécié dans ton pays ?

Heureusement non. Quelques amis savent ce que je fais, mais hormis eux personne ne le sait et je préfère une vie anonyme et paisible.

En tant que citoyen de Vienne et en tant qu’Autrichien, quelles sont tes réactions envers le récent "cas Haider" ? Certains journaux ont éprouvé le plaisir de témoigner du premier signal fort d’une Europe enfin unie. Les réactions des pays européens envers l’Autriche ont été excessivement/hautement hypocrites et dictés par des obligations politiquement correctes. Penses-tu que l’Union Européenne est la bonne réponse à la lente décadence de nos pays ? Que penses-tu que les pays européens doivent faire ?

Que puis-je dire ? Je ne peux que rire à propos de l’action de la Communauté Européenne. Mais, pour être honnête, je m’en moque, et je pense que peu de gens en Autriche s’en préoccupent. Nous avons simplement un gouvernement, qui a obtenu la majorité aux élections, c’est un fait, et une communauté "démocratique", comme la CE prétend l’être, doit l’accepter. Honnêtement, rien n’a vraiment changé (malheureusement) et ne changera pas. Personnellement, je suis contre la CE pour différentes raisons.

Il y a un sample dans une des chansons de "Der Sieg des Lichtes ist des Lebens Heil !" qui demande : "Les Etats-Unis ne peuvent même pas pardonner à leurs enfants de faire exactement ce pour quoi ils ont été élevés ?". A ce propos, que penses-tu des Etats-Unis ?

Je n’ai pas de sentiment précis envers les Etats-Unis. Ils ne me dérangent pas. J’ai de bons amis là-bas, mais je pense que l’Américain moyen diffère peu de la personne moyenne de n’importe quel pays.

Parfois, il arrive qu’on me parle comme à un nazi parce que je m’habille militaria et que j’aime ta musique. D’habitude je suis très triste et déçu par l’étroitesse d’esprit de ces gens. Ils te jugent sans même connaître ton nom, essayant désespérément de trouver un grand méchant fasciste à crucifier dans chaque personne qui se tient devant eux. Quel est ton sentiment général envers ces attitudes mentales ?

Ces gens-là m’ennuient tout simplement. Comme tu le dis, la plupart d’entre eux ont leurs préjugés, et ne savent même pas de quoi ils parlent. Ils voient ou entendent quelque chose et le jugent sans même réfléchir. En fait, je ne me préoccupe plus de ce que quelqu’un pourrait penser de moi – je fais simplement ce que je veux faire. Si quelqu’un apprécie c’est bien, si non, c’est bien aussi.

Quand as-tu rencontré Douglas pour la première fois, et quand avez-vous décidé de travailler ensemble ?

Nous nous sommes rencontrés pour la première fois à Munich, en backstage après un concert de DIJ. Nous nous sommes bien entendus, et puis Douglas m’a demandé si je pouvais organiser une date pour DIJ à Vienne, ce que j’ai fait. Je suis allé en Croatie avec le groupe et nous avons passé du bon temps là-bas et nous sommes restés en contact depuis. Quand je suis allé passer des vacances en Australie, il m’a invité à rester chez lui. Nous avons tous les deux pensé qu’il serait intéressant de nous enfermer, sous une chaleur de 45°C, dans un studio en plein milieu du désert pendant l’été australien, pour voir ce qui se passerait. Et, au lieu de nous entre-tuer, nous nous sommes retrouvés avec "Take Care and Control". Et donc, depuis, nous sommes toujours amis…

Te sens-tu faire partie de la légende Death in June ?

Je ne me sens pas faire partie de la légende "Death in June", puisque je ne me considère pas comme membre de Death in June. J’ai simplement enregistré deux CDs avec un de mes meilleurs amis, et quand il a besoin que je l’aide dans sa vie, je réponds à son appel…

Que penses-tu avoir en commun avec, disons, Death in June, Sol Invictus, NON, Blood Axis ou Ain Soph ?

Le même type d’humour noir et l’amour de l’alcool. Nous partageons au moins des souvenirs de bons moments passés ensemble, mais aussi de moments très dangereux.

Peux-tu plus ou moins m’expliquer, brièvement, quels types d’instruments et quels techniques tu utilises pour composer ta musique ?

Je n’ai pas de technique particulière. Cela change de temps en temps. Normalement, je commence à jouer avec un son, ou un sample, ou une mélodie particulière, ou un drumbeat, ou… Et puis je continue à construire quelque chose autour, et si j’ai de la chance, à la fin cela sonne comme une chanson. OK, pour être honnête, parfois à la fin cela sonne totalement merdique, mais dans ce cas là je ne la garde pas. J’utilise toutes sortes d’instruments, tout ce avec quoi je peux faire des sons, pour "Take Care and Control" nous avons même utilisé une coccinelle Volkswagen.

Vienne était par le passé la capitale de la musique par excellence. Mozart, Beethoven ou Strauss ont principalement contribué à cette renommée, aimerais-tu être considéré comme continuateur de cette tradition ?

Bien trop d’honneur. Mozart, Beethoven ou Strauss étaient des génies. Albin Julius sait juste comment se servir de matériel d’enregistrement. La seule similitude que je peux voir avec Mozart, est l’obsession pour les vins et les femmes…

Peux-tu me dire quelque chose à propos de ta ville et de ta patrie ? Quels sont tes sentiments envers eux ? Qu’apprécies-tu et que n’apprécies-tu pas ?

J’adore vivre à Vienne. C’est une ville merveilleuse, assez grande pour ne pas s’y ennuyer, mais trop petite pour être agitée. Partout où tu vas, tu marches dans l’ombre de l’histoire, j’aime ce sentiment de pouvoir passé et de déclin. Les gens ici sont gentils, très amicaux et polis et ils ont un étrange sens de l’humour, très sombre et sarcastique. Parfait pour moi. Ma maison est située dans les collines de Vienne, à dix minutes de marche de la forêt et, aussi, à seulement quinze minutes de métro du centre, alors c’est facile pour moi – si j’ai envie d’aller nourrir les sangliers, je vais dans les bois, si j’ai envie d’un peu de culture, cela me prend vingt minutes pour aller dans un musée. En été je peux aller nager dans le Danube, en hiver il me faut trente-cinq minutes pour atteindre la montagne et aller skier. Nous avons de superbes cafés, d’agréables weingartens, de la bonne nourriture convenant aux végétariens et de belles filles… Tu vois, c’est tout simplement parfait, n’est-ce pas ?

Le premier album de Der Blutharsch avait un titre en allemand, "Der Sieg des Lichtes ist des Lebens Heil !". Pourquoi as-tu finalement choisi l’anglais plutôt que l’allemand comme langue de travail ?

Il n’y a pas de raison particulière. J’ai juste choisi ce qui me semblait convenir le mieux.

Peux-tu me dire quelque chose à propos de ton prochain travail, "The Track of the Hunted", peut-être en commençant quel est le monument équestre qu’on peut voir sur la pochette ?

J’ai pris la photo sur le "Square des Héros" à Budapest, une place magnifique, emplie de gloire et de pouvoir. L’album en lui-même a été écrit l’hiver dernier, quand nous avons eu beaucoup de neige. Je n’ai pas pu quitter ma maison pendant quatre jours, alors j’ai fini par boire du vin chaud et enregistrer. Au bout de quatre jours je me suis retrouvé avec ce qui est maintenant "The Track of the Hunted".

Pour finir, j’aimerais te demander de faire une prédiction sur l’avenir. Que devra affronter l’humanité dans les trente prochaines années ?

Je ne peux pas dire, si je le savais j’essaierais de gagner un peu d’argent avec mes connaissances. Mais je sais que je n’y penserais même pas. J’espère simplement ne pas vivre aussi longtemps pour le savoir.
 

Merci pour ta disponibilité et ta gentillesse
Wir kapitulieren niemals !

Simoneh Ragnar Redbeard pour Heimdallr webzine
Mai 2000

Europa Aeterna

Contacts et Informations :

e-mail : wkn@aon.at
Web : http://drugie.here.ru/derblut/
 

Discographie :

1997 "Untitled" picture-LP limited to 250 copies (Art9)
1997 "Untitled" 7'' limited to 202 copies (Wkn 1)
1998 "Sad Song Singers" video limited to 150 copies (Wkn 2)
1998 "Der Sieg des Lichtes ist des Lebens Heil !" CD (Wkn 3)
1998 "The Moment of Truth" 10'' limited to 303 copies (Wkn 4)
1999 "Apöcalyptic Climäx 2" 10'' with Deutsch Nepal, limited to 404 copies (Wkn 5)
1999 "Der Gott der Eisen wachsen liess" MCD limited to 600 copies (Wkn 6)
1999 "Gold gab ich für Eisen" video & MCD, limited to 1000 copies (Wkn 7)
1999 "split "Ain Soph/der Blutharsch" 7'' (Wkn 8)
1999 "The Pleasures Received in Pain" CD (Wkn 8)
2000 "The Track of the Hunted"
 

Merci à Ian C. pour le travail de traduction.