Château de Grandson, le 13 octobre 2001
 
 

C’est par une soirée brumeuse et humide que s’est tenue la troisième édition de La Nuit du Folklore Noir au Château de Grandson. A 20 heures la lourde porte du château s’est entrouverte pour laisser entrer la centaine de personnes qui s’étaient déplacées de loin pour assister à l’évènement. Tout ce petit monde s’est ensuite retrouvé dans la Salle des Banquets autour d’un verre de met offert gracieusement par les organisateurs. C’était le moment pour se réchauffer devant le feu qui crépitait dans la cheminée et lier connaissance avec les autres convives. C’était aussi l’occasion de découvrir la première compilation de Abstract,  « Le Jardin des Supplices »  dédiée à Eros et Thanatos.
 
 

 

Vers 21 heures 30 le public a été invité à rejoindre la Salle des Chevaliers pour assister au concert du groupe napolitain Argine dont c’était le premier concert hors de l’Italie. Après avoir emprunté les remparts et traversé le petit musée du château le public s’est calmement installé, émerveillé par la splendeur de cette pièce recouverte de boiseries aux motifs médiévaux et romantiques.  On ne pouvait rêver d’un meilleur cadre pour découvrir la musique d’Argine.
 

 

Les sept musiciens d’Argine se sont installés sur scène pour jouer une performance qui allait durer près de deux heures. Deux heures merveilleuses durant lesquelles ils ont joué la quasi-intégralité de leurs deux albums (tracklist). Le groupe était visiblement très inspiré par les lieux, et cela s’est ressenti dès les premiers accords de La Corte. Le public a été conquis par l’émotion et la chaleur qui se dégageaient de leurs chansons qui laissent la part belle au violon et aux voix. Après avoir magistralement enchaîné Luctamina In Rebus, Memorie et Corpo Ed Anima, Argine a terminé sa performance sur une superbe version de Dolmen qui laissa le public suspendu aux dernières notes fragiles du violon…
 

 
 
 
 
 
 
 
 

Mais le public ne voulait pas en rester là, et c’est sous un tonnerre d’applaudissements que le groupe a regagné la scène pour jouer un rappel. Initialement ils avaient prévu de jouer deux morceaux, dont une reprise de Datemi Pace d’Ain Soph, mais poussés par le public enthousiaste, et même s’ils étaient à court de morceaux, ils ont continué à jouer et ont généreusement rejoué trois morceaux joués auparavant. Malheureusement, le temps ne leur a laissé la possibilité de jouer plus longtemps et le public a du quitter à contre cœur la Salle des Chevaliers.
 

 

De retour à la Salle des Banquets une collation de produits du terroir était offerte par les Amis du Château de Grandson. Une bien agréable manière de se retrouver et de rencontrer les membres du groupe, mêlés au public. Puis aux alentours d’1 heure du matin, tout le monde a quitté le château et la porte s’est refermée sur la troisième édition de la Nuit du Folklore Noir…

I.C. Octobre 2001
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 Argine agirent sur moi telle une révélation libératrice, une attente soulagée. Enfin une formation d'obédience néofolk osait paraître tels qu'ils sont, sans artifice ou cliché superficiels. Enfin un groupe à la personnalité intacte et intègre. Certes d'autres formations plus anciennes ont démontré tout leur talent, mais les jeunes pousses avaient du mal à se démarquer de leurs influences souvent mal digérées. Et Argine respirent le Sud, le soleil, les couleurs et les senteurs de l'Italie, un pays magnifique qui n'a rien à envier aux autres culturellement. Leurs deux premiers albums m'ont vite convaincu, sans peine, de l'importance primordiale de ce groupe, de leur talent sans borne, et de leur place méritée au firmament des formations européennes de qualité irréprochable, tant au niveau musical, conceptuel, graphique ou littéraire.

Manquer leur prestation à Grandson le 13 octobre dernier eut été une faille insondable, un manquement irréversible marqué au fer rouge par le remords glacial. Dans une pénombre idéale, les silhouettes se dessinent, en ombre chinoises, pendant deux heures d'un concert vibrant d'émotion, d'intense alchimie entre les instruments et les voix. La magie opérait à chaque morceau, transportant l'auditoire dans des sphères aériennes et célestes, vibrant au son de chaque note, pure et délicate. Un moment rare, apprécié à sa juste valeur, et qui perdurera infiniment dans nos âmes conquises. Une superbe prestation qui confirme la place de choix qu'occupe Argine sur la scène musicale actuelle.

Après Sorrow, Ozymandias, Backworld et Argine, on espère voir arriver une quatrième nuit du Folk Noir.....

Stéphane F.
Octobre 2001