La première édition de ce festival, organisé par Yann d’Abstract et une poignée de bénévoles, s’est déroulée sous les bons auspices d’un soleil majestueux. Placé sous un tel patronage, le festival ne pouvait être qu’une réussite...
A 19h30 la grille du château s’est ouverte pour laisser entrer les personnes qui attendaient patiemment sur le parvis. C’est sous les derniers rayons de soleil que les festivaliers purent découvrir le fabuleux cadre du château de La Sarraz. C’était le moment d’aller faire un tour dans les caves pour jeter un œil aux diverses échoppes qui proposaient une intéressante sélection de disques, de vêtements et de livres. D’autres salles étaient réservées au bar et à la soirée néofolk, médiévale, post-industrielle. A peine le temps de faire ses emplettes et faire de nouvelles connaissances que les concerts commençaient.
La scène était installée dans l’ancienne écurie, une pièce qui était quand même un peu étroite pour contenir les 300 personnes présentes. Mais ceci a instillé une atmosphère plus chaleureuse dans la salle, ce qui a sans doute contribué aux excellentes performances des artistes.
Ostara furent les premiers à monter sur scène pour jouer
un concert plutôt court (35-40 minutes) mais inspiré et ce
malgré que Richard ait du acheter en catastrophe une nouvelle guitare
l’après midi même. Accompagnés par un mystérieux
lecteur, ils entamèrent leur concert par Operation Valkrie avant
de présenter un set composé de nouveaux et d’anciens morceaux.
La musique d’Ostara prend toujours une dimension plus héroïque
en live et dans ce contexte les nouvelles chansons comme Overworld et Bavaria
ont pris une nouvelle ampleur, insoupçonnée jusque-là.
Puis ils enchaînèrent avec quelques classiques tels que The
Reckoning, The Force of Truth and Lies et Waves of White Horses (dédiée
au lieu). Pour clore la performance, Richard et Timothy délaissèrent
les guitares au profit des percussions pour une version apocalyptique de
The Marble Cliffs, jouée sous les derniers rayons d’un soleil mourant…
Puis, ce fut au tour de Forseti de s’installer sur scène pour
présenter leur musique folk sombre et mélancolique. Dès
que les premières notes de l’introduction ont retenti, le temps
a cessé d’exister. Andreas Ritter et ses six jeunes musiciens ont
offert une prestation simple et sincère, mais qui a créé
une forte atmosphère intemporelle et nostalgique. Durant le concert,
Andreas a alterné entre la guitare et l’accordéon pour présenter
des nouveaux morceaux d’une beauté aussi fragile qu’intemporelle
ainsi que des chansons, déjà classiques, telles que Heilige
Welt, Erlkönig et Jenzig. Pour clore cette superbe performance, après
avoir joué une version très inspirée de Abschied,
Andreas s’est mis aux percussions pour terminer le rappel sur un morceau
aux consonances plus martiales qui vint tirer le public de ses douces rêveries…
A peine le temps de revenir à une certaine réalité,
que les membres des JDLP s’affairaient déjà à installer
leur décor. Une fois les bannières accrochées et le
vieux film d’archive lancé, les deux membres du groupe s’installèrent
aux percussions pour entamer la première partie de leur performance
; un hommage à l’éditorialiste P.H.. Cet hommage, court mais
intense, composé de morceaux extraits de Douce France et Aux petits
enfants de France se termina par une émouvante lecture d’EK. Sitôt
cette lecture terminée, Albin et Marthyna, flambeaux aux poings,
surgirent sur scène pour entamer un concert surprise de Der Blutharsch.
Assistés d’EK aux percussions, ils jouèrent trois morceaux
avant qu’une coupure de son ne vienne arrêter brutalement la performance.
Une fois cet incident réparé, Albin reprit son set là
où il s’était arrêté, pour terminer rageusement
la dernière chanson. Mais les surprises ne devaient pas s’arrêter
là. En guise de troisième et dernière partie, EK
et Albin interprétèrent des morceaux extraits de Östenbräun
et de Die Weisse Rose pour le plus grand bonheur du public. La voix d’Albin
remplaçant à merveille celles de Douglas P. et d’Alzbeth…
Le temps perdu à régler l’incident technique obligea les
JDLP à écourter leur performance. Dommage qu’ils n’aient
pas eu le temps de présenter leur “nouveau” projet Absinthe Project.
Une prochaine fois peut-être ?
Le clou de la soirée fut sans aucun doute le concert de Camerata Mediolanense. Malgré l’heure tardive de leur entrée en scène, ils ont offert au public une performance exceptionnelle d’une intensité rare. Ils ont entamé leur performance par un morceau instrumental avant de présenter le morceau phare de leur nouveau 10” L’Alfiere. Leur interprétation passionnée permettant de découvrir toute l’ampleur du morceau. Puis pendant plus d’une heure ils enchaînèrent crescendo les meilleurs morceaux de leur répertoire tels que Der Tod, Balcani in Fiamme, El Lupo et L’Homme Armé. Les percussions martiales battant la mesure de chansons qui firent la part belle aux magnifiques voix de Daniela et Trevor. Durant la performance, Daniela aura attiré toute l’attention du public tant par la beauté cristalline de son chant que par son jeu de scène sensuel. Touché par l’enthousiasme du public, amené au bord de la transe par le rythme endiablé des percussions, le groupe se décida à jouer un deuxième rappel. Leur interprétation inspirée de Lili Marlène mit un terme à un concert époustouflant...
Mais la soirée ne pouvait pas s’arrêter là. C’était l’heure de rejoindre les caves du château où la soirée néofolk, médiévale, post-industrielle animée par les DJs Antz et Alex battait son plein. Ce fut aussi l’occasion de rencontrer les groupes qui s’étaient mélangés au public. Ce n’est qu’aux premières lueurs du jour que les derniers festivaliers quittèrent, à contre cœur, l’enceinte du château…
Malgré quelques petits couacs, le festival a été dans l’ensemble une réussite. Tous les groupes se sont donnés sans compter afin d'offrir un superbe spectacle au public et tous les festivaliers ont passé une très bonne soirée. Yann et son équipe peuvent être satisfaits et fiers du travail qu’ils ont accompli. C’est le regard tourné vers l’avenir que les organisateurs pensent déjà à la prochaine édition, qui se tiendra dans un lieu tout aussi exceptionnel.
I.C.