WGT-2001 :

Véritable institution de la scène alternative sombre, le WGT avait fait brutalement banqueroute l’année passée, nous privant des concerts de Backworld et Gae Bolg ainsi que de toute la scène Cold Meat Industry qui devait se produire le lundi après-midi... et pourtant, malgré ces quelques mauvais souvenirs et grâce à l’agréable invitation d’amis résidants dans cette ville, connue pour ses maisons d’éditions durant le dix-neuvième et vingtième siècle et qui a su jusqu’à maintenant garder un charme étrange avec ses immenses rues et ses maisons nobles qui rappellent la Belle Epoque, je me suis décidé à y retourner, notamment attiré par l’affiche annonçant des groupes cultes comme Coil, Camerata Mediolanense, Backworld ou Sorrow, des surprises comme Scivias ou encore Laibach dans le cadre du martial Völkerschlachtdenkmal de Leipzig !

Vendredi 1er Juin, après un voyage de presque dix heures, nous arrivons finalement à Leipzig, il est 18h et je me mets en route pour le Werk II, muni cette année d’un passe pour la presse, ce qui me permettra quelques gros plans, malgré des interdictions d’utilisation de “flash”, comme je l’expliquerai plus tard, qui me rendront la tâche plus compliquée... première constatation : les concerts commencent réellement à temps cette année ! malheureusement pour moi qui comptait sur le retard habituel pour découvrir Sophia en concert... raté, j’arrive lorsqu’il quitte la scène.
Après une courte attente, le temps de rencontrer des amis allemands, The Protagonist commencent leur performance : leur musique, en partie synthétique reste inchangée, à part quelques percussions rajoutées de manière parfois dilettantes. Le concert aurait pu être tout à fait sympathique si il n’y avait pas eu ce film en arrière plan sur écran géant : des nonnes nues qui se caressent, et ça pendant trente minutes... avec des titres comme “Kämpfende Pferde” ou “Zozoaster”, je dois dire que j’avais imaginé une imagerie tout à fait différente... dommage.
 

Après The Protagonist c’est Lina Baby Doll qui monte sur scène, déjà partiellement éméché; Deutsch Nepal commence alors le même programme que nous avions découvert au mois de mars à Vevey en première partie de Der Blutharsch. Je regarde de loin, puis avec le temps, et le concert devenant de plus en plus bruyant et Lina de plus en plus saoul, je quitte la salle en haussant les épaules... décidément, Deutsch Nepal est un fantastique projet de studio mais ne vaut absolument rien en concert. Et puis se saouler de telle manière, c’est vraiment manquer de respect envers sa propre personne, ainsi qu’envers le public. Heureusement la soirée finira sur une note agréable, avec Ordo Rosarius Equilibrio. Soit, il n’y a pas de guitare sur scène, ce qui pourra paraître étrange puisqu’il y a en a sur chaque titre du groupe depuis deux albums, et puis les artistes eux-mêmes sont passablement statiques, mais, mais, mais, des titres en concert comme “”Make Love and War”, “Ashen like Love...” ou “Rituals of Love...” arrivent à nous faire vibrer, et le public s’électrifie tout entier ! Une bien bonne ambiance, et je vais me coucher sur cette note positive.
 

 

 
 

Samedi, rime malheureusement avec pluie. Après une visite du Völkerschlachtdenkmal le midi, je me rends au Parkbühne, ou se produit le collectif médiéval Wolfenmond : pas désagréable comme entrée. Il fait froid, il fait pluie... pour une fois ceux qui portent des parkas militaires ont une raison valable d’être pareillement habillés ! En route pour le stand de “met”, et chaud il est encore meilleur, bien que dangereux, à partir de six à huit gobelets. Hekate ayant été déplacé le Samedi soir à la MoritzBastei, nous n’attendons pas que Leakh commence et nous prenons la voiture pour essayer d’aller voir Shining Vril-Knife Latter, le projet de John Murphy, qui doit se produire dans la petite salle du Werk II. Malheureusement pour nous, l’autre salle ayant pour programme la pire engeance de groupes électro-gogoths (Terminal Choice à cette heure là...), c’est une queue de pas moins de cent mètres qui nous attends. Nous mangeons, et retour au Parkbühne où, à peine arrivés, commence à se produire le groupe In My Rosary qui ont, il faut que je l’avoue, bercé mes vingt ans au début des années 90 avec leur musique néofolk  romantique... mais la chaleur n’y est plus semble-t-il, à part quelques vieux titres, les plus récents se dirigeant dans une veine plus new-wave avec du saxophone par dessus. Petite déception.
 
 

 
 

Heureusement, voici qu’arrivent les Camerata Mediolanense, qui nous offrent une performance forte en émotion ! Et même si je les vois en concert pour la sixième fois, ils réussissent une fois de plus à m’épater, sans parler des nouveaux titres qui sont excellents ! Un “Bravo” pour ces Italiens qui méritent décidément leur succès grandissant !!!
 

 

 
 
 
 

Difficile d’imaginer le néofolk langoureux et les textes parlés de Of The Wand & The Moon après un concert aussi rythmé que celui des Milanais, et pourtant, les Danois arriveront à nous charmer en quelques titres, le sommet du concert étant atteint avec l’arrivée pour deux titres de Matt Howden ! “Emptyness” ? Autour de nous, peut-être, mais dans nos coeurs européens brûlait une ardente flamme ce soir là !
 
 

 
 
 
 

A peine le concert terminé, en route pour le “Völkerschlachtdenkmal”, où nous attendent les Slovènes de Laibach ! Et c’est sous une pluie battante que nous arrivons au pied de ce majestueux endroit; par chance j’y rencontre mes amis de Sorrow, ainsi que Joseph Budenholzer et Julia Kent de Backworld, et John Murphy, en personne ! Le concert commence, et ce qui s’annonçait comme une “performance exceptionnelle” se change vite en concert de rock-métal à la Rammstein, avec guitares “heavy”, lumière en sur-proportion et show pyrotechnique... où est l’orchestre, où est le stand avec les produits de NSK, sont-ce seulement ces quatre musiciens qui reprennent Europe, et ces trois Cds posés sur un étal dans un coin  ?!? plus que déçu je n’attends même pas la fin du concert pour aller faire un tour dans la soirée néofolk programmée dans un club de Leipzig, et que l’on ne nomme plus Laibach devant moi pendant au moins un an. La soirée néofolk ayant lieu dans un club nommé “Darkflower” avec clientèle de “club dark” habituelle, j’en profite pour boire une dernière bière avec mes amis, sur fond de Gaë Bolg, Backworld et Death In June, avant d’aller me coucher, peu séduit pas l’ambiance de cette boîte, même si la musique me plaisait énormément.
 
 

 
 
 

Dimanche... se lever le matin devient de plus en plus pénible. Petit-déjeuner avec Andreas Ritter, de Forseti, l’occasion de parler un peu du festival qui aura lieu en Suisse à la fin Juillet, puis je me dirige vers la Lutherkirche où nous attend un concert “acoustique” de Sieben, au plutôt Matt Howden solo. A mon grand désarroi, le groupe Allemand Pilori ouvre pour Matt : un quart-d’heure de torture, avec comme sommet un titre chanté en français (un texte surréaliste, chanté à moitié faux... l’accent allemand n’ayant en plus rien de séduisant, à mon goût). Mais enfin, Matt Howden commence. Il interprétera de nombreux extraits du nouvel album de Sieben, qui surprendra bien des fans, dont notamment le joli et sombre “Völkerschlachtdenkmal”, Matt étant lui aussi fasciné par cet endroit. En tout une bonne heure agréable, même si on peut regretter que les percussion et le reste musical soit sur bande (même les coeurs parfois...).
 

 
 

En route pour la Haus Leipzig, où nous attendent les concerts de Scivias, Sorrow, Backworld et quelques autres ! Contrôle sévère à l’entrée : “Männer rechts, Frauen links !”, et j’ai même vu une fille se faire confisquer sa pomme... sérieux les Allemands, cela explique d’ailleurs certains passages historiques du vingtième siècle. Ce petit festival néofolk, avec pourtant des groupes qui ne véhiculent pas forcément une image militariste comme Der Blutharsch ou Death In June, à réussi à attirer la faune la plus spectaculaire qu’il m’est arrivé de voir : sur presque mille personnes, il devait bien en avoir quatre cents déguisés en militaires, avec pour certains : casquette de la Wehrmacht et autres souvenirs de la seconde guerre mondiale... autant les hommes avaient souvent de sales têtes, autant la gente féminine, en jupe mi-longue avec de jolies tresses blondes, brunes ou rousses, étaient très mignonnes; un joli contraste.
 

 
 

Scivias arrive sur scène... un concert fascinant, plein de pathos, avec des passages percutants, puis d’autres plus calme, avec notamment le très beau titre “Momotaro”. Scivias seront de loin la plus belle surprise de ce festival, avec un concert sérieux et carré, comme je les aime. Un groupe à suivre de près, décidément. Après Scivias, c’est au tour de Tenhi de se produire, avec leur rock-folk atmosphérique et progressif. Ce qui est agréable sur CD, n’est malheureusement pas réalisable en concert semble-t-il car celui-ci tourne vite au métal... je quitte la salle pour me sustenter. Plus rapide encore que Tenhi, c’est Ordo Equitum Solis qui réussissent à me faire quitter la salle en deux titres seulement. Ah, il est bien éloigné le doux temps d’”Animi Aegritudo”, et ce groupe ne me plaît que bien peu actuellement. Vu et revu sera le jugement, n’en déplaise aux fans.
Sorrow arrive à temps avec leur mélodies légères pour réchauffer l’atmosphère. Rien de spectaculaire, mais toujours un plaisir de revoir Rose Mc Dowall et Robert Lee sur scène, et là, leur performance sera bien plus réussie que celle donnée au Parkbühne il y a deux ans. Il faut dire que c’est John Murphy qui s’occupe des percussions, donnant plus de dynamique à la musique de Sorrow essentiellement mélancolique et éthérée.
 

 
 
 
 

Après le joli concert de Rose, c’est une version très folk-rock que nous propose Backwold, accompagné durant tout le concert de Robert Lee à la guitare électrique, ainsi que d’un bassiste et d’un batteur. Une excellente prestation, courronnée par l’arrivée de Rose Mc Dowell pour un duo avec le fabuleux titre “The Devil’s Plaything”. Backworld proposera de nombreux extraits du dernier album ainsi que des classiques comme “Seasons of Sacrifice”, “Leaves of Autumn” ou encore “Leaving the Isles of the Blest”. Excellent !

Le temps de se remettre, de se retrouver, de s’organiser, et nous voilà en route pour l’Agra, un hangar d’exposition monstrueux, avec la plus grande scène et le public le plus kitsch de tout le festival, véritable foire de l’apparance, carnaval du gothique... et c’est là que se produiront Coil, juste après Front 242 ?!? Ce qui m’était difficile à imaginer s’avère pourtant tout à fait réalisable, Coil prouvant à plus de dix mille personnes (cinq milles quitteront la salle après le second titre... imaginez les Allemands fuyant l’avancée Russe en Poméranie durant 1945...) qu’ils sont encore et toujours l’un des groupes les plus avantgardistes du monde !!! Un show spectaculaire, une musique industrielle et électro-acoustique où vient se greffer des sons d’un xylophone géant muni de micros qui rendront chaque note plus psychédélique les unes que les autres, avec par dessus la voix de dément de John Balance, les membres du groupe - quatre - habillés de camisole de force d’un blanc immaculé. Sur une fin quasi organique, Coil quitteront la scène avec comme phrase finale : “This is Nu-Music - This is Magickal Music !”. OUI, J’AI VU COIL !!! Il n’y a pas de mots pour exprimer les sensations produites par ce concert, je ne peux que vous conseiller de les voir si vous en avez l’occasion !
 

 
 

Le Lundi, plus rien au programme qui éveille mon intérêt, je m’en vais visiter le Südfriedhof de Leipzig accompagné de mes charmants hôtes et d’Andreas Ritter. Le Cimetière Sud de Leipzig est l’un des plus grands “parc cimetière” d’Europe, avec un crématoire aussi beau qu’un château de fable et de superbes mausolées entourés d’arbres centenaires. Un endroit très calme, propice à une promenade tranquille. Le soir nous nous sommes encore rendus, tardivement, à la MortizBastei où avait lieu la soirée “néofolk / industrielle” de notre dj national : Antz, alias Antoine, de The Sanctuary. Musique sympathique : Current 93, SPK, Haus Arafna, Orplid, Backworld, “the march of brian boru” en 45t. au lieu de 33t. (on a bien ri...), Death In June (mais il manquait “Runes & Men” - Antz tu es prévenu pour la prochaine fois), etc. Il manquait aussi Ernte et Forseti, dommage, de si bons groupes folks allemands, mais dans l’ensemble un bon choix musical qui a fait plaisir au pas moins de cinq cents personnes présentes (pas toutes en même temps vu la taille de la salle, quand même).

Et maintenant ? Rendez-vous le 21 Juillet à La Sarraz, puisqu’il semble qu’une bonne partie des personnes présentes à Leipzig s’y rendent aussi !

Yann C., juin 2001
pour Heimdallr