Spiritual Front au Pianissimo 11 à Lausanne, le 25 mai 2002


La journée avait pourtant mal commencé, sous la pluie, pour finalement laisser la place à une éclaircie bienvenue en soirée pour se rendre à Lausanne, au Pianissimo 11, pour ce concert des Romains de Spiritual Front. Les hostilités auraient dû commencer vers 21h30, mais vu le nombre peu important de personnes présentes dans la magnifique cave du Pianissimo, Simone Salvatori et ses trois acolytes ont quelque peu retardé le début de leur prestation, pour finalement jouer devant une bonne vingtaine de spectateurs. Comment expliquer ce manque d'intérêt flagrant de la part du public pour une soirée néofolk de qualité ? Serait-ce l'absence de curiosité, ou la méfiance résultant des campagnes incessantes et diffamatoires contre les musiques néofolk industrielles, d'une mauvaise foi insoutenable, ou encore la concurrence cruelle avec la télévision diffusant ce soir-là l'Eurovision de la chanson ( pouf, pouf, sorry about that …). Qu'importe, reste que la soirée fut fort agréable, enrobée des douces mélodies si chères à nos cœurs distillées par Antoine "DJ Antz", dans un cocktail nihiliste du meilleur de la scène néofolk.

Puis Simone Salvatori quitta le public pour s'installer sur scène, seul à la guitare sèche, débutant le concert sur un titre acoustique dépouillé. Ceux qui ont pu être quelque peu rebuté par sa voix sur ses deux premiers albums auront l'agréable surprise de l'entendre chanter d'une façon plus distincte, avec une vigueur révélatrice, sans artifice, avec sobriété et gravité.

Ses trois musiciens ne tardèrent pas à le rejoindre, et nous pûmes reconnaître les titres les plus révélateurs du derniers albums, comme "Her Favourite Confidential Destroyer", "La Petite Héroine", "Soul Gambler", "Nectar On Your Lips", "A Long Summer For The Dog Of Satan", "We Could Fail Again", etc... ainsi que des incursions dans leur premiers albums et la découverte de nouvelles compositions.

Certes ils n'ont pas la grâce d'Argine ou la majesté de Sol Invictus, mais leur néofolk tient bien la route avec des compositions originales puisant leur inspiration dans les fondements de notre musique actuelle, entre le Velvet Underground et Nick Cave, en passant par les Swans et les grands classiques de l'écurie darkfolk de World Serpent. Mais pour vraiment définir au plus près leur style, rien de tel que les propres mots de Simone concernant sa musique : suicide pop ! Curieusement, sur scène, leur prestation dégageait certaines réminiscences et similitudes avec les sons urbains d'Element Of Crime, durant leur période anglophone - cela n'engage que moi...

Les compositions prenaient en live une toute autre dimension, beaucoup plus intense et rythmée, plus chaleureuse également, avec un petit aspect cabaret fort agréable. Un bon concert dans son ensemble, où l'humour ravageur et sans faille de Simone nous fit également passer une bonne soirée. Terminant sur deux reprises de morceaux déjà joués, les excellents "A Long Summer For The Dog Of Satan" et "We Could Fail Again", Simone plaisanta encore sur le fait que nous étions venu voir un groupe jouant cent fois le même morceau, mais que si nous insistions, ils pouvaient recommencer à les jouer encore et encore....

Espérons qu'il y aura plus de monde lors des prochaines soirées organisées par Soleil Noir, qui propose régulièrement des concerts de qualité, et dont la très récente prestation de Death In June, en guise d'inauguration pour l'association, marquait non seulement le départ réussi d'une aventure jubilatoire, mais aussi une revanche poignante (autant pour Douglas Pearce and Co que pour les organisateurs) 4 ans après l'incompréhensible interdiction de jouer à Lausanne que reçut la Mort en Juin. Le temps donne toujours raison aux gens de bonne volonté.

: Heilige Leben :

Stéphane F.
26 mai 2002