Heureuse initiative que celle prise par la jeune association azuréenne AUTRE QUE à qui l'on doit le passage de Simon Finn dans le sud de la France le samedi 20 novembre 2004.

Placé à deux pas de la promenade des anglais, le Staccato était le lieu idéalement choisi pour la venue du gentleman britannique exilé au Canada. La salle était une belle cave voûtée avec de larges banquettes disposées de part et d'autre.

Dés notre arrivée, deux belles surprises nous attendaient avec tout d'abord la présence inattendue de Joolie Wood. Ce fut très touchant de voir ainsi Joolie quand on se remémore ses violons et flûtes sur plusieurs albums et concerts de Current 93. On peut rappeler que c'est à David Tibet (Current 93) que l'on doit le retour plus que mérité de Simon à la lumière après des décennies d'oubli. Le temps ne semblait justement ne pas avoir eu de prise sur Simon tant celui-ci ressemble trait pour trait à la photographie datant, pourtant, des années 1970 qui figure dans le livret du "Pass the distance".
La seconde surprise de la soirée était la venue du groupe Oraison, si discret ces dernières années. C'était donc avec encore plus d'impatience et d'enthousiasme que le programme de cette soirée est attendu.

C'est sous la forme d'un trio qu'Oraison est monté sur scène.
Sebastian au chant et guitare accompagné de Marco aux claviers ont été rejoint par Nathalie aux percussions. Plusieurs titres du premier album ont été joués : 'The Rebellion', 'Blood Royale', 'Within our Hearts' ainsi qu'une magnifique reprise du 'Southern Cross' d'Harvest Rain. Avec efficacité, les morceaux s'enchaînèrent. Le jeu et le chant de Sebastian furent parfaits avec, à noter, une belle présence. Les nappes de Marco trouvèrent efficacement leurs places aux côtés de la guitare. Nathalie apporta une touche de féminité et de douceur aux belles compositions d'Oraison.

En une vingtaine de minutes et 6 titres, Oraison a su faire partager ses émotions avec brio et laisser entrevoir un énorme potentiel.
Pour son retour à la scène, la prestation d'Oraison a été simple et convaincante. Elle laisse une grosse envie d'entendre encore plus de titres.

Après une courte pause, ce fut au tour de Simon et Joolie de venir prendre possession de la scène. Les titres furent extraits de l'album "Pass the distance" ('What a day', 'Fades (Pass the distance)', 'Patrice', 'Jerusalem') et du mini album "Silent city creep" ('Deeply Flawed', 'Walkie Talkie', 'Wanted You', 'Eros').
Plusieurs inédits ont été aussi joués comme le superbe 'Subjunctive Mood' sorti tout dernièrement sur un mini album de Simon. Les scènes de vie, les recherches et les questionnements se succédèrent avec un traitement acoustique qui était bien loin des expérimentations de 1970. Ainsi dépouillés, les titres révélèrent toutes leurs forces et leur actualité.

Simon était par ailleurs très surprenant avec sa voix si particulière et sa foi si entière dans la musique qu'il était entrain de produire. Assis sur une chaise cet homme semblait totalement possédé par ce qu'il faisait. C'était très paradoxal de l'entendre ainsi jouer et chanter si juste tout en le voyant balancer aussi fortement son corps. Jolie Wood était assise à côté de lui et l'accompagnait en alternant violon ou flûte traversière. Elle adoucissait, elle tempérait les excès de Simon en apportant des plages et de la profondeur aux guitares de Simon.

Le titre final fut bien sûr 'Jerusalem' dans une version survoltée. C'est un titre phare de la discographie de sieur Finn. C93 ne s'y est pas trompé en le réenregistrant à l'occasion du festival de Toronto 2004.
Simon se retira ensuite, après s'être complètement donné à sa musique.
C'est sans nul doute sur scène que toute la magie de Simon Finn opère. Et après l'avoir vu, c'est à se demander comment ce fait-il qu'il ait pu disparaître autant d'années de la scène musicale tant ses compositions et prestations sont fortes.

Vraiment ce fut un grand moment auquel nous fûmes conviés. Mais il est, hélas, à remarquer qu'une nouvelle fois trop peu de monde ait répondu présent à ce bel évènement qui a permis de réunir deux générations de songwriters.
Un grand merci à AUTRE QUE pour cette soirée en espérant assister à de nouveaux rendez-vous de cette qualité.