Clockwork Death

Clockwork Death ( CDR démo 7 titres)

C'est inouï le nombre de projets solitaires existants dans le vaste univers industriel. A croire que chacun bricole ses peurs existentielles dans sa cuisine ou sa cave. Il faut dire que le matériel d'aujourd'hui est financièrement beaucoup plus abordable et qu'il est devenu très simple de procéder seul à l'enregistrement, au mixage et à la fabrication des CDs. Et la démo de Clockwork Death ne déroge pas à la règle.

Clockwork death est un projet solo du nord de l'Italie qui s'amuse à repousser les limites de la musique industrielle électronique depuis 1995 déjà. On sent notre homme très influencé par la culture européenne, et plus particulièrement par la culture germanique, ainsi qu'à son histoire et sa vie sociale au sens large. Musicalement c'est assez proche de Der Blutharsch, avec samples symphoniques hachés, rythmes puissants et martiaux. On retrouve ces caractéristiques plus précisément sur les deux meilleurs titres de l'album, "Ach Gott" et " In Your Head". Le premier est un féroce hymne comme sait nous les concocter Albin Julius, où une voix déformée se pose sur de sombres échantillonages passablement retravaillés et mis en boucles, sur fonds de rythmes et percussions d'une rigueur militaire et d'une puissance lourde et martiale. Quant au deuxième, il s'agit d'un instrumental électronique, à base de nappes de synthé samplées et mises en boucles, fragmentées selon le rythme, froid et lunaire, un peu comme si Autechre sombrait dans de glauques cauchemars.

L'ensemble reste très marqué d'une griffe teutonne et s'inspire directement d'auteurs comme Johann Christian Günther, Hans W. Richter et même Paul Celan. "Time has no Mercy" se rapproche des ambiances diluées sur le premier opus de Novy Svet, lent, sombre et torturé, à la manière d'une valse jouée au ralenti. Le rejet de tout conformisme religieux prend directement son ampleur sur "Gott soll gestorben sein", malgré une naïveté un peu trop évidente dans la formulation syntaxique qui finit par lasser (…Gott ist tot, wir sind frei…), dommage car le fonds sonore est intéressant; on comprend peut-être mieux cette volonté antireligieuse marquée quand on constate le pouvoir que l'église occupe encore impitoyablement en Italie, ce qui revient en fait plutôt à de l'anticléricalisme. L'avant dernier titre se résume en un condensé d'enregistrements tout en fanfares et discours tonitruants issus de la sombre période allemande dont l'utilité s'avère un peu vaine et opportuniste. Le dernier morceau consiste en la répétition du mot "Uranium" scandé sous toute ses formes, -plutôt irritant, mais là était certainement le but…

Bref, un début honnête, avec des hauts et des bas, qui mériterait largement d'être retravaillé et réengistré avec un meilleur matériel pour offrir tout son potentiel. En s'orientant à l'avenir sur le meilleur de cet album, Clockwork Death risque fort de nous épater dans quelque temps. Un nom à retenir et à suivre.

Stéphane Fivaz
avril 2000

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