Kuta

Kuta

Il aura fallu plus de 15 ans aux sublimes And Also The Trees pour comprendre que labels et producteurs s'octroient non seulement la plus belle part du gâteau, mais se posent également en inévitable entrave à la liberté artistique de musiciens confirmés, et voilà nos Anglais romantiques créant leur propre maison de disque. C'est sur ce même constat que Sébastien Pietrapiana décida de fonder avec une amie sa propre structure, Quantico Records, afin de promouvoir son dernier et actuel projet, Kuta, tout en s'assurant de la production du disque.

Ex-chanteur du défunt groupe niçois Corpus Delicti (qui ne se souvient pas du fascinant "Noxious" ?), Sébastien, après le périlleux "Syn:drom", songea à élargir ses horizons musicaux en s'éloignant des carcans rigides du gothic-rock, tout en se berçant de rythmes électroniques et trip-hop. L'avenir se conjuguerait donc en solitaire, afin d'éviter tout problème d'ego. Le déclic fut le remarqué premier album de Perry Blake, qui l'impressionna tant qu'il mit en route Kuta, d'après le nom de la première ville qu'il visita lors d'un voyage en Indonésie. La direction musicale trouvée, Sébastien mit neuf mois, avec l'aide de quelques amis (Eric Beaufils à la guitare, Stella pour les voix féminines, etc…) à concocter ce petit bijou de 11 perles délicates et raffinées, aux confins d'une pop mélancolique et torturée, s'adjugeant l'élégance d'une qualité sonore irréprochable. D'emblée l'ombre de David Sylvian se fait omniprésente, , au travers d'arrangements classieux et luxuriants, sans pour autant dédaigner une atmosphère sombre et relaxante. Outre les réminiscences évidentes du maître de Japan, on pense également à Perry Blake, bien sûr, mais aussi à Peter Murphy, Portishead, Depeche Mode, voire même au lyrisme apaisant de Brendan Perry, sans oublier la référence suprême qu'est le David Bowie des 70's, dont le titre "After all" fait ici l'état d'une élogieuse reprise vaguement néofolk proche de Backworld, par instant.

Fort d'une orchestration riche et voluptueuse où violons, guitares et pianos se disputent aux machines dans une exquise harmonie, les sonorités bristoliennes (A Place in the Answer) croisent les lignes pures et précieuses d'une pop-wave de haut niveau (The Servant, Eye don't See, The Story of a Broken Man, Silver Shade) en passant par de somptueuses ballades crépusculaires (December, Only Weakening our Seas, Hurt?, Ordinary Tales).

Rarement une première œuvre en solo se montre si aboutie, plaçant Kuta au firmament des espoirs d'une scène française au meilleur de sa forme. Sébastien reprend avec passion et mérite le flambeau abandonné trop tôt par les dijonnais de Resistance; même talent, même beauté lyrique et mélodique. Longue vie !!

Fortement recommandé.

Stéphane Fivaz
avril 2000

Contacts :
Quantico Records
36 Ancien Chemin du Ray
06100 Nice
France

Tél. : 0033 (0) 6 12 04 72 95
Fax : 0033 (0) 4 92 09 29 31
e-mail : kuta@wanadoo.fr
Web : http://perso.wanadoo.fr/kuta