White Lies
"White Lies" est un album d'ambiances feutrées,
de mélodies imparables et férocement bien ficelées.
Sorti sur la jeune structure Gentlemen, ce groupe lausannois a tout pour
plaire. Sans être de nouveaux prophètes, leur musique reflète
un véritable condensé de nos grands bonheurs discographiques
parsemant notre collection hétéroclite. La guitare acoustique
domine l'ensemble de ces quinze titres farouchement indépendants,
épaulée d'une section rythmique discrète et ô
combien efficace et d'un clavier fragile, le tout derrière une voix
sombre et décalée, sur la corde raide. Pourtant la pochette
nous laissait supposer une myriade de bidouillages électroniques
expérimentaux, que l'on rencontre cependant, parcimonieusement,
à l'arrière-plan, disséminés ça et là.
Pas étonnant dès lors que la tête pensante de Slope
n'est autre que Francisco Meirino, responsable des expérimentations
et des fréquences computerisées au sein de son projet électronique
Phroq.
On retrouve tout ce qui nous a séduit chez Wedding
Present, Moose ou les Pastels, cette nonchalance, cette mélancolie
ravageuse, si présente dans la musique indépendante anglaise.
L'album se situe à mi-chemin de l'Angleterre et des Etats-Unis,
lorgnant quelquefois vers cette pop lo-fi bricolée de Smog ou Pavement.
Certaines surprises exercent l'effet suave de la madeleine de Proust, come
le délicat "Sad Day" aux douces réminiscences du "Alaska
Highway" de Neon Judgement, les accords rebelles de Ride ou Blind M. Jones
sur "Courage", ou la surprenante et peut-être fortuite filiation
néofolk de morceaux comme "Man I wanna be" ou " No fights", assez
proches de Lonsai Maikov dans l'ambiance dégagée. L'album
se clôt sur un long instrumental répétitif digne de
Velma, suivi de la meilleure reprise entendue à ce jour du "These
boots are made for walking" de Hazlewood - ce qui les rapproche certainement
de Stuart Staples.
L'ensemble respire l'atmosphère fascinante des
oeuvres majeures, suscitant l'émerveillement serein que provoque
cette musique à la nostalgie communicative alliée à
un modernisme certain, ravivant nos souvenirs folk indies les plus attachants,
comme si Dominique A. jouait l'intégrale des Tindersticks.
Excellent , recommandé !!
Stéphane Fivaz
Mai 2001
Label : Gentlemen
http://www.gentlemen.ch
Distribution :
Namskeio Records
http://www.namskeio.com
Contact Slope :
http://www.hugo.ch/groups/slope