Unity est le troisième album autoproduit de Our God Weeps, un projet unipersonnel hongrois. C'est un concept album qui traite du lien entre Dieu et l'Humanité. Ce concept est développé dans les paroles en hongrois (qui sont heureusement traduits en anglais dans le livret) qui explorent les analogies entre Dieu et Janus.
Les onze morceaux forment une union harmonieuse de sens de but, qui révèlent la maturité et la qualité des compositions musicales. La musique elle-même est un mélange subtil d'éléments néoclassiques religieux et de percussions estompées, enluminés par la voix captivante de Madura Janos. Le ton et la sonorité des paroles, récités en hongrois, s'accordent parfaitement à la musique et contribuent grandement a l'harmonieuse ambiance liturgique omniprésente. Ceci est bien plus qu'une belle musique, c'est une expérience spirituelle...

Un projet très prometteur qui devrait plaire aux amateurs de Elijah's Mantle et de Actus.

Parfois la fâcheuse et désagréable impression d'avoir fait le tour de la question, musicalement, surgit sournoisement, en pensant à tort ne plus pouvoir être surpris, dérangé ou ébloui par de nouvelles sonorités ou de nouvelles mélodies. L'idée saugrenue que la boucle est bouclée s'impose, avec rejet pourtant, et c'est toujours dans ces instants précis qu'un disque surgit, de nulle part, et nous offre un répit salutaire, nous sauvant ainsi d'une impasse indélicate, nous ouvrant royalement la voie de la lumière céleste. Et la surprise dépasse tous les espoirs. Quel disque ! Comment un si bel album peut se présenter en tant qu'auto-production, alors qu'il devrait figurer fièrement au firmament des catalogues de labels comme Eis & Licht, Cynfeirdd, Oktagön (dont je viens d'apprendre la triste disparition...) et tant d'autres.

Madura Janos est l'unique membre de ce projet hongrois qui en est déjà à sa troisième réalisation, et dont Unity représente l'oeuvre la plus aboutie à ce jour. Certes les comparaisons à d'autres projets hongrois comme Actus ou Scivias ne sont pas fortuites, tant l'atmosphère, l'ambiance et le climat de la musique d'Our God Weeps se rapprochent des formations précitées, tout en les surpassant parfois qualitativement. Et si " Our God Weeps " se révèle être le titre du premier morceau de l'album "Dark Age of Reason" d'Arcana, cette filiation s'inscrit dans une logique préméditée, l'univers de Peter Pettersson étant suffisamment proche de celui de Madura Janos, teinté de musique ambient et symphonique, de fanfare mortuaire bercée de rythmes guerriers, de majestueuses harmonies mélancoliques et hantées, proche d'un requiem joué à l'orgue, laissant pour tout testament l'effigie de fières statues, entre ange et démon, gravées dans la pierre. Une musique sombre et martiale, où les percussions lourdes se disputent aux roulements de tambours militaires, accompagnant de magnifiques mélodies néoclassiques sur fonds de textes récités magistralement en hongrois, d'une voix profonde et imposante. Une spiritualité teintée de mythologie païenne et de religion traditionnelle se dégage tout au long de cet album qui analyse les rapports des hommes avec Dieu, ou avec leurs dieux. La richesse impressionnante des compositions, où la recherche sonore diversifiée s'allie à une instrumentation efficace, contribue à l'extraordinaire aura de ces 11 morceaux, apportant à l'ensemble une beauté tragique et mystérieuse. Tout au long de ce voyage initiatique surgissent à notre esprit d'autres noms, comme Elijah's Mantle, In The Nursery, Voire parfois Camerata Mediolanense, Blood Axis, Endraum ou le Maelifell d'Eternité . Mais ces références ne suffisent pas à expliquer la majestueuse maturité de cette œuvre, profondément ancrées dans ses racines géographiques et historiques, découlant de l'esprit d'un musicien au talent jubilatoire. Après la déferlante et la suprématie italienne, la nouvelle révolution viendra-t-elle de l'Est ?