Sci Fi Industries, projet électronique portugais de L.F. Seixas, sort son premier album CD 'Architectural Development' (après le EP 'Dead People on stylish chairs') en collaboration avec le label This.Co. Un mélange de techno (minimaliste), d'electronica qui n'est pas sans rappeler les mélodies des groupes de l'écurie Warp. Chaque titre offre une riche palette de sons, les mélodies sont légères, parfois hypnotiques, sautillantes et empreintes (déjà!) d'une grande maturité...

En voilà chez qui la musique aérienne et somptueuse des formations post-rock canadiennes n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd. Et tant mieux ! Auparavant dans une formation noisy pop d'envergure proche de Swell, les bien nommés Swoan, ces Genevois talentueux redéfinissent leur orientation au sein d'une nouvelle formation au nom magnifique, Seaplane Harbor, pour ne garder que l'essence même d'une musique intemporelle et fondée sur les émotions et les différentes créations de rythmes, d'atmosphères et d'ambiances. De superbes titres, aux guitares fébriles et ardentes, d'où s'enchevêtrent de délicats arpèges, de sombres sculptures sonores, d'inquiétantes envolées cristallines, suivant le sillon déjà creusé par Godspeed You Black Emperor ! , Silver Mt Zion ou Tarentel. Une musique sensorielle, innée et organique, des montées d'adrénaline couvrent de pures moments de méditation, la fureur se marie à la mélancolie. Loin de se contenter de suivre leurs aînés, ils apportent leur touche personnelle, rejoignant fièrement cette famille post-rock qui constitue une des branches les plus intéressantes et inventives de la musique actuelle. Fortement recommandé !

Certainement un des meilleurs albums de musique électronique entendu cette année. Et à nouveau c'est à Bip-Hop que l'on doit cette petite merveille, venue tout droit d'Angleterre. Douglas Benford, l'âme pensante de Si-Cut.db, commença ses expériences digitales en 1991, sous le nom de Sidecut>>DB, puis ce nom diminua quelque peu avec le temps. Son dernier album, " Enthusiast ", est composé à partir de samples de bruits de travaux sur bois, en menuiserie, sur différentes essences de bois, suivant plusieurs processus différents, où les grattements effectués sur une planche se superposent aux craquements ordinaires perçus normalement sur un vinyle. Ces multiples échantillonnages se retrouvent merveilleusement encadrés sur une structure électronique, tantôt ambient, tantôt vibrante, formant les bases même d'une rythmique des plus originales, s'apparentant parfois aux sons limpides de gouttes d'eau étincelant dans la nuit noire, dans l'amplitude d'un silence pesant. Une musique très accessible, rythmée et mélodieuse, profonde et exigeante, offrant un album d'electronica de toute beauté. Recommandé !

Skalpell, un duo Suisse composé de Harry W. Henry et Bruno R. (ex-Sleepwalk), explore et analyse tous les reflets de l'être humain, dans ses comportements et dans son âme. Il en résulte un album ravageur, créé à partir de sculptures sonores intenses et ravageuses, symbolisant la dégénérescence de l'homme, ses souffrances et ses maladies, mentales et physiques. On est assez proche des travaux réalisés sur le label Ant-Zen, avec une musique électronique, harsch-noise et répétitive. Skalpell opère nos corps tels des scientifiques oeuvrant aux découvertes morbides d'une génération en perdition. Leur pérégrinations peuvent être interpréter comme une vision apocalyptique de notre monde, ou comme un simple reflet de la réalité. Une œuvre fort intéressante, capable de rivaliser avec les meilleures productions noise électroniques actuelles, qui impose une transe naturelle, les frissons et la chair de poule en plus. Parfois proche de certaines formations ambient industrielles ou power-electronics parues chez Tesco, Skalpell s'impose au firmament des grands noms d'un courant en pleine mutation. Excellent !

Sombre est le projet solo d'un membre d'Illford, quatuor post-rock suisse romand, au sein duquel il profite d'explorer avec grâce et subtilité les contours exquis et décalés d'une tradition pop britannique intemporelle. La guitare acoustique domine ces joyaux, ficelés en dentelle d'impromptus collages sonores évanescents, de samples langoureux, d'électronique discrète et chatoyante. Des compositions riches et sophistiquées, bien que privilégiant une veine dépouillée et mélancolique, laissant surgir subrepticement un fragile filet vocal, véritable modérateur d'une pop music enchanteresse et énigmatique. Une musique captivante, sincère et fragile, à l'instar de savants songwriters tels Patrick Phelan, Peter Astor, Vini Reilly ou Felt. Magnanime et secret, Sombre s'illumine fébrilement à la lumière d'un firmament incandescent. Excellent !

Nouvel opus de cette formation italienne, 'Twin A Tin Tin Towers' vient sous la forme d'un CD 3 titres produit conjointement par Runes And Men et Misty Circles
Le morceau éponyme 'Twin A Tin Tin Towers' ouvre le bal sur un air de calypso... la voix de Simone Salvatori (pour peu que son timbre gothique ne vous fasse pas crisser les dents) se parant d'une parfaite nonchalance...
S'ensuit un second titre à la Novo Homo, entièrement tourné vers des sonorités électroniques et hypnotiques... destiné aux 'dance-floor'...
Le dernier morceau 'Lola Of Cayenne' évolue dans un registre électronique sautillant teinté de voix et de sonorités de guitare.
Une édition limitée à 111 copies avant tout destinée aux fans de Spiritual Front...

Ronnie Sundin est un jeune artiste suédois, ayant suivi une formation dans l'art visuel à l'Académie des Arts d'Umea. Ses travaux musicaux se situent essentiellement au niveau de la perception du son, et tout se qui s'y rattache, tant au niveau conceptuel, musical et scénique. Son nouvel opus, "Morphei", se situe à mi-chemin du rêve et de la réalité, ou plus précisément, au point précis entre le sommeil et le réveil, là où on ne sait plus très bien si l'on dort encore ou si l'on est déjà réveillé. Et c'est à ces sentiments partagés que cette pièce de 30 minutes est dédiée. En effet, tout commence dans un silence platonique, puis quelques cliquetis discrets meublent l'atmosphère, pour contrer cette impression de néant. Au fur et à mesure de l'avance du morceau, les tensions se percutent et se repoussent, pour finalement sombrer dans les bras de Morphée. Un album électro-acoustique fort intéressant, surtout pour les moments les plus intenses, après plus de 15 minutes d'écoute, lorsque d'étouffants drones se soudent aux textures digitales diverses. Intéressant et enrichissant, à écouter dans le noir dans un demi-sommeil, pour que les rêves revêtent une nouvelle dimension.

On pensait que tout ou presque était dit au sein de la multitude des projets post-rock, dont le centre névralgique se trouve à Montréal. Pourtant l'arrivée de ce nouveau projet de Richmond en Virginie impose une nouvelle voie, majestueuse et vertigineusement belle. Jesse Poe, l'âme de Tanakh, impose d'entrée un son immense, ravageur et intense. Une écriture folk très sensible s'associant les délicatesses d'atmosphères ambient et improvisées, créant une musique aussi riche que minimaliste. Les compositions folk sombres et introspectives se substituent aux arrangements étouffants et funèbres de longues plages atmosphériques emplies d'influences indiennes. On pense à la grande famille de Godspeed You Black Emperor pour son côté le plus calme, mais également à Set Fire to the Flames, Molasses ou Shalabi Effect. Jesse Poe invita également un grand nombre de musiciens talentueux à l'élaboration de ce superbe album, comme Mic Turner ( Dirty Three), David Lowery (Cracker), Ned Oldham (Palace) ou Jessica Billey (Lofty Pillars). Cette noble assemblée usa d'une instrumentation de rêve, en jouant du violon, du violoncelle, de la clarinette, de la trompette, de la guitare, de la basse et des percussions, ainsi que de divers instruments ethniques. L'album se base donc sur d'authentiques folk songs, sur fonds de drones et d'improvisations. Le premier titre démarre avec la voix de Nirmal Bajekal (Ravi Shankar's band), influant une touche éthérée de folk hindou, contraste avec le timbre chaud de la voix de Poe, créant une réciprocité inattendue entre deux cultures lointaines. Bajekal clôt l'album sur le dernier morceau, refermant les portes d'une rencontre radieuse. On ne sera pas étonné de voir Brian Paulson et John Morand à la production, les ayant déjà vu produire des albums de Labradford, Sparklehorse ou Slint. Ajoutez à cela un travail remarquable quant au design du disque, et vous avez une des plus belles productions folk/post-rock de l'année 2002. Excellent et indispensable !!

TBC est le projet de Thomas Beck, activiste du son depuis de nombreuses années, basé à Hambourg. Ce 7" sorti en août 2002 sur le label allemand Drone Records vient agrémenter une discographie déjà imposante de multiples sorties sur cassette, LP, compilation CD-ROM... Il s'agit ici de la première édition de ce 7", limitée à 250 copies sur vinyle rose, livrée dans une pochette noir et blanc, imprimée à l'ancienne.
Chaque titre, dans un registre qui lui est propre, participe à la mise en place d'un environnement sonore étrange. Ainsi, 'Gute Luft' offre une longue plage sonore étrange et mystérieuse, rythmée par des drones qui évoquent indubitablement un environnement naturel, à travers certains bruits d'insectes reconnaissables... On laisse facilement son esprit flotter à l'écoute de ce premier titre, à la différence de 'Muskel 5', intégrant une voix humaine déformée et empreint d'une tension qui ne cesse d'aller et venir, au point d'en devenir presque palpable physiquement...
Un excellent dernier titre qui clôt magistralement une immersion totale au cœur d'une musique propice au voyage intérieur.

Prikosnovénie avait déjà sorti deux compilations fort belles pour présenter les artistes de ce fabuleux label, avec les deux volets de Belladonne. On avait alors un aperçu fort complet de leur section heavenly voices de leur catalogue. Suite à la signature de nombreux nouveaux artistes, l'Odyssée comble le vide laissé depuis pour avoir une oreille attentive sur l'ensemble des disques que propose la maison de disques. Douze titres, douze joyaux. Entre la pop éthérée de Louisa John-Krol, les envolées lyriques des Russes de Rada i Ternovnik, Fleür et Caprice, les superbes mélodies mélancoliques des Italiens d'Ashram, les mondes captivants de Gor, Lys ou Faraway - ethniques, rituels et ésotériques - , la musique incomparable de Collection d'Arnell-Andrea, la magie emplie de spleen des Portugais de Dwelling, le lyrisme hellénique des grec de Daemonia Nymphe, et le projet franco-italien Voilaoz avec un titre à la beauté simple et phénoménale. Une vue d'ensemble des nouveautés du label, pour choisir ses disques préférés, ou simplement pour posséder une des plus belles compilations de musique éthérées du moment. Recommandé !

Présentée par le label portugais This.Co, cette compilation offre un large éventail de styles musicaux: électro-indus, indus minimaliste, dark ambient, rituel, néo-classique...
Sont présents sur cette compilation: Column One, Marc Wannabe, Mimetic Mute, Sci-Fi Industries, Delphium, Ras.al.ghul, Matt Howden, Bourbonese Qualk, Beggarly Bannister, Com. Gen., Troum et Rasal.A'Sad.
Un bon moyen de découvrir ce label et d'y dénicher quelques perles telles que le 'Solitary Confinent' de Matt Howden ou bien encore le 'Eugh (Cunabula)' de Troum.

Seconde compilation présentée par le label portugais This.Co, 'Thisoriented' se veut aussi varié et éclectique que 'Thisconnected'. Se cottoient des titres électro-indus, indus-techno, dark ambient, électro minimaliste, expérimental, drum'n bass... offerts par des artistes aux horizons diverses: Ras.al.ghul, Spies-Implant, Elektroplasma, Dither, Mimetic Data, Ah Cama-Sotz, This Morn'omina, Sunwolf, Ultra Milkmaids, Sieben, Mlada Fronta, Sci-Fi Industries et Rapoon.

Cette compilation offre une vue d'ensemble de la scène dark/gothique en Serbie. Bien que j'ai arrête d'écouter le gothique il y a bien longtemps, Intus arrive quand même à retenir mon oreille avec un 'Sudden Death aux sonorités proches de Meccano. Ce son vieillot (ou classique devrais-je dire) est partagé par la plupart figurant sur cette compilation et certains d'entre eux devraient plaire aux puristes du genre.
Cependant, cette compilation est intéressants pour d'autre choses… deux gemmes à l'état brut, Kinovia et Kalynda. Kinovia joue un néofolk de facture 'classique' qui tire ses influences de la musique folklorique traditionnelle serbe avec des long passages de voix masculines mélancoliques et sans paroles. Les chansons de Kalynda sont un mélange de néoclassique et de néofolk éthéré avec une agréable voix féminine. Les deux morceaux présents sur cette compilation démontrent que ce groupe a le potentiel pour plaire à un public bien plus large.

Pour tous ceux qui n'ont pas encore découvert le monde fascinant et hors du commun des Suisses de Velma, groupe électronico post-rock expérimental parmi les plus doués et innovants de sa génération, voici en quelque sorte un condensé de deux de leurs albums, "Parole" et "Cyclique", en reprenant les meilleurs morceaux, remixés par ailleurs par des artistes aussi talentueux que Köhn, Bruce Gilbert, Pluramon, Jan Jelinek, Ma Chérie for Painting ou Terre Thaemiltz. Une musique répétitive, cérébrale, basée sur l'émotion et les vibrations, les sons et les rythmes. Un génial cocktail explosif de murmure viscéraux à la sensibilité exacerbée, d'atmosphères tendues, grinçantes et enivrantes, tantôt douces et fragiles, tantôt furibondes et explosives, toujours à contre-courant. Entre pop avant gardiste (Issue) et délires électronico futuristes (Orange Carrots), balades intempestives et expérimentales, déferlantes sombres et minimalistes. Velma a toujours su naviguer sur des terres post-électroniques variées, en ajoutant une touche d'expérimentation qui leur est unique. Ils ont réussi le difficile pari d'allier la guitare, la voix et la batterie aux machines, aux samples, aux boucles et à l'électronique dans son ensemble, constituant le chaînon manquant entre la machine et l'instrument. Un son unique, marque de fabrique d'un groupe en constante évolution, ayant toujours une longueur d'avance phénoménale.
A noter également les sorties de leurs travaux réalisés pour la performance scénique de la troupe de Robert Pacitti, lors de leur spectacle "Finale", ou encore pour la troupe de danse de la compagnie de Fabienne Berger, pour leur spectacle "Natal". On y retrouve Velma au meilleur de leur forme, jouant sous le nom de Velma B. Landovitch. Des compositions délicieusement répétitives, jamais lassantes, toujours aussi enivrantes et fascinantes. Velma reste un précurseur de son temps, avec un impressionnante longueur d'avance. Un Must !!!

Les trois musiciens de la formation berlinoise Vestige Vertical ont commencé à travailler ensemble sur ce projet en 1999, avec l'aide de deux autres comparses. Utilisant autant des techniques analogiques que des instruments acoustiques, le résultat se fond en un magma impressionnant d'électro-acoustique, de sons acoustiques intenses, et de pures sons électroniques. Il en résulte diverses couches sonores superposées, créant une impression métallurgique foisonnante, ainsi qu'une délicate texture musicale crée à base de sonorités brutes. Le parfait mélange entre poussées industrielles et expérimentations électro-acoustiques. Une palette de sons d'une richesse inouïe, pour qui s'intéresse aux combinaisons infinies de tout ce que notre oreille est endroit de subir. Subtil !